Dessinée par Robert Opron et Jean Giret, l’esthétique et l’aérodynamique de la SM sont remarquables. « Préférant travailler sur les formes elles-mêmes plutôt que sur des artifices pseudo-sportivo-aérodynamiques tels que spoilers, déflecteurs et autres ailerons, les ingénieurs s’appliquèrent à obtenir une surface frontale la plus fine et la plus efficace possible. » « Ils réussirent un bloc avant très élégant, supprimant la calandre et poussant le souci de l’efficacité jusqu’à caréner entièrement la plaque de police et les blocs optiques. »
Lors de la présentation à la presse les journalistes automobiles « blasés de la route » purent exprimer leurs sentiments sur cet « engin qui sortait de façon si insolente des sentiers battus. » Dans Sport Auto, José Rosinski conclut son reportage en écrivant « les techniciens de Citroën ont réussi à pousser les limites de la traction avant à un niveau jamais atteint lui permettant ainsi de faire son entrée par la grande porte dans le domaine de la haute performance. » Deux ans après ce premier article, José Rosinski fit un deuxième essai de « cette voiture d’exception » dont le plaisir de conduire une SM « demeure un motif d’émerveillement. » « Une fois encore, Citroën a lancé un modèle original, qui ne peut laisser indifférent, qui est le produit d’une volonté de sortir des sentiers battus, de faire « autre chose » qu’une bonne voiture. »
« Et même si nous avons évité dans ce compte-rendu d’essai de verser dans l’admiration sans condition, nous n’hésitons pas à le terminer en exprimant le sentiment de respect que nous ont inspiré, alors que nous étions au volant de la SM, les techniciens de Citroën.»
André Costa, pilier de l’Auto-Journal révéla avec sa verve inimitable les risques de la « direction diabolique » de la voiture pour un conducteur néophyte. « Se tromper à 100 km/h peut passer…à 200 km/h, il ne reste qu’à s’enquérir du prix des chrysanthèmes. » Cela dit, André Costa rajouta « la SM se pilote comme un avion. Les responsables de cette direction ont dû arracher au ciel et clouer au goudron la douceur et la vivacité inhérente à la conduite aéronautique. » Notre célèbre journaliste conclut son compte-rendu par « la SM se présente donc dans l’existence comme une voiture aussi exceptionnelle et intelligente que le fut la DS à l’origine. »
Aux U.S.A la SM fit également forte impression. Le magasine Car and Driver écrivit en préambule de son étude « elle est intimidante…très intimidante. Si intimidante qu’il est nécessaire de prévoir pour son conducteur une heure ou deux d’entrainement sur un simulateur de pilotage. »
Hélas, malgré toutes ses qualités « la SM fit faillite. Une faillite dont la voiture elle-même ne fut cependant pas la seule responsable. »
Après avoir passé en revue les différentes motorisations de la voiture ainsi que la situation financière de l’entreprise venant de passer sous le contrôle de PSA et analysé les conséquences de la crise du pétrole, les auteurs concluent : « il est vain d’épiloguer sur ce qu’aurait pu être la SM, sur ce qu’il aurait fallu faire ou ne pas faire. Qu’il suffise simplement de savoir que la SM, telle qu’en elle-même, appartient désormais à l’Histoire de l’Automobile. »
Lu pour vous par Etienne Christian, Club Citroën France
- Claude-Alain Sarre, Président des Automobiles Citroën démissionna en 1970 après avoir présenté la SM au Salon de l’Automobile de Genève.
(Un manager sous la France des trente glorieuses, l’Harmatan 2016)
- Le style Henri II est, au 19ème siècle ainsi qu’au début du 20ème, un style lourd, kitsch et prétentieux, devenu progressivement obsolète après la première guerre mondiale. Le terme « style Henri II » a ainsi pris une connotation péjorative associée à la petite bourgeoisie aux gouts artistiques vulgaires et m’as-tu vu. Moqué par des artistes et des écrivains ce style fut souvent l’objet de blagues.