Pour une voiture de série, la B-14, en son temps, était assez jolie, surtout sous forme de cabriolet ou de faux cabriolet. En 1934, sept ans après sa naissance et en pleine période "aérodynamique", elle datait sérieusement et paraissait vraiment haute sur pattes. C'est ce que pensa, alors, un de mes cousins, propriétaire d’un faux cabriolet 1927 (toit simili, compas latéraux et petites glaces de custodes, peint, de série, en noir, ivoire et rouge, et encore en fort bon état mécanique, en dépit de quelques bruits qui lui valurent son surnom.
La B14 "Ferblantine" recarrossée
La décision de moderniser l'engin, à peu de frais, fut vite prise, et le résultat fut excellent. Toute la partie de la caisse située au-dessus de la ligne de ceinture fut supprimée et remplacée par une capote beaucoup plus basse que le pavillon d'origine, après que le pare-brise ait été assez fortement incliné le panneau arrière de la capote ayant été lui aussi incliné (évidemment dans l'autre sens). Les ailes et les marchepieds furent enlevés. A leur place, des ailes avant plus longues, plongeantes a l'avant (style Panhard 6-DS), des palettes en aluminium, des ailes arrière plus longues elles aussi. La calandre fut conservée, et peinte en noir, comme le reste de la voiture, mais mon cousin fit poser devant une grille en léger coupe-vent et descendant entre les longerons. A l'arrière, la roue de secours fut, elle aussi, inclinée au lieu d'être verticale. De gros enjoliveurs cachaient les écrous de roues. Moulure de ceinture orange, filets orange sur les roues chevrons orange sur la grille de calandre. Ainsi transformée, “Ferblantine" avait fière allure et intrigua plus d'un curieux mon cousin répondant invariablement, et avec le plus grand sérieux, qu'il s'agissait.... d'un prototype de la "7": personne n'eut le mauvais gout d'ouvrir le capot, ou se coucher sous la voiture, ni de remarquer le tableau de bord qui était resté le même qu'en l927.
Pour tout vous dire, j’ai toujours eu un faible pour Ferblantine, j’avais beaucoup d’admiration pour mon cousin, j’en avais encore plus depuis qu'il avait dessiné la "nouvelle" voiture, et c'est elle qu'il me confia, un soir, sur une route de campagne, pour que je fasse mes premiers kilomètres au volant. Je venais d'avoir quatorze ans, et j'étais juste assez grand pour atteindre les pédales.
Pierre Dumont