Restauration Citroën Méhari de 1977

Je vais commencer par un résumé puis, puis en 6 épisodes,  je vais vous faire partager le démontage, le remontage et son utilisation.
Je n’ai pas fait une voiture neuve de neuve mais je vais essayer de vous faire plaisir quand même en vous racontant chronologiquement la restauration.

Donc, on est en 2009, je passe le cap de l’acquisition d’une Méhari.

Comme aujourd’hui, les prix étaient dans le ciel et quand j’en trouvais une à 3000€, tout était à refaire……hors je n’avais pas le temps de me lancer dans une reconstruction complète ni les moyens pour en prendre une neuve à 13000 euros….

Après plusieurs mois de recherche, j’ai enfin trouvé mon bonheur pas très loin de chez moi.

A l’époque, j’ai vu la voiture à vendre sur le net.
J’ai appelé la propriétaire qui me dit qu’elle était en vacances mais que si je voulais, je pouvais voir la Méhari devant la maison sur le trottoir.

J’ai donc fait une descente de nuit avec un ami deuchiste car il y avait du monde sur la liste…je ne voulais pas me faire doubler au cas ou le véhicule valait le détour………

En arrivant, nous avons bien sur fait le tour complet de la voiture, on s’est couché dessous, on a ouvert le capot, on est rentré dedans !
Il est clair que la voiture n’est pas du tout entretenue, le moteur est sale, les pièces à changer sont nombreuses mais c’est du vrai meccano donc cela ne m’arrête pas…….
Je l’ai immortalisée sous tous les angles pour me faire une idée la nuit venue.

Le jour de l’essai sur route, la liste des retouches s’est allongée….ligne d’échappement complète car elle faisait un bruit de Formule 1, 4 pneus neufs car ils étaient archi cuits, 4 amortisseurs neufs ….. et CT Ok en poche, je lui offre le jeu de bâches complet.

Puis direction les Deux Sèvres pour de bons et loyaux services.

Au fur et à mesure je la remets conforme : 4 jantes neuves car celles qui étaient dessus étaient bien rouillées et coupaient les valves des chambres à air.

Un matin, je m’assoie sur le siège conducteur et je m’enfonce exagérément. Je démonte le siège et je trouve un paquet de sangles !

Je me dis que je ne vais pas me lancer dans la restauration tout de suite et que l’avenir me le permettra….j'ai retendu les sangles et hop dans la voiture.

S’écoulent 2 bonnes années et avec le temps, la carrosserie qui était bien fissurée s’est dégradée.
La peinture faite à la va-vite par le précédent propriétaire part en poussière et met à jour les différentes teintes (orange, vert Montana, vert Tibesti….).
Un patchwork intéressant mais dont l’ABS n’est souple que dans les livres.
Tous les éléments sont fissurés, certains réparés avec de la fibre de verre + résine + renforts métallique.

Après plusieurs mois de réflexion, je me suis mis dans la tête qu’il fallait sauver la plastique de cette voiture.
Grand conseil de guerre avec madame et les enfants sur le choix de la couleur et le vote fut sans appel : Beige Hoggar.
Du coup, retour de la voiture dans mon garage des Yvelines pour attaquer le début du démontage.  

En trois heures, j’ai déshabillé la bâche, la tubulure, extrait le rétro de gauche (enfin rompu malgré du WD40 à haute dose), vérifié que le pare brise n’était pas soudé par la rouille dans le rail, enlevé la porte de gauche, enlevé les montants et la face latérale gauche.

Et après un rapide nettoyage, je constate que la tubulure arrière n'est pas trop corrodée.
J'ai juste la cornière latérale gauche inférieure tordue donc à redresser.

Quand on enlève les deux écrous d'immobilisation de la structure inférieure du pare brise, on fait une prière, et on trouve donc ça:

On prend un chasse goupille et une massette de maçon, rien que ça et on y va gaiement et là, la tige filetée remonte ainsi que la structure.......

Je suis vite passé côté gauche et même punition......c'est sorti simplement.
Résultat : La barre est à changer vu son état de décomposition :

Le tableau de bord est tombé après quelques gouttes de transpiration pour dévisser les petites vis qui immobilisent les bloques bouche d'aération et surtout pour repérer la forêt de fils tous peints en .......Rouge Hoppi évidemment....

Je maudis le peintre qui m'a fait passer la voiture de vert à rouge sans aucun masquage.....

Et puis pas grand chose de bloquant dans mon démontage, les sièges sont tombés, il ne reste plus qu'à désaccoupler le maitre cylindre et hop la bassine va s'envoler....:

Démontage de la colonne de direction.

La bassine est sortie de la structure tubulaire :

Sortie à la lumière naturelle :

Et sur le châssis, j'ai trouvé une espèce de blakson que j'ai tout de suite enlevé car j'ai eu très peur de trouver en dessous des horreurs....
Au niveau des pieds du conducteur, il y a un peu de corrosion superficielle qui correspond à une entrée d'eau car la bassine était complètement fissurée et fut réparée avec une plaque d'alu qui recouvrait toute la zone devant les sièges avant.

J’ai passé toute la structure tubulaire au laveur haute pression.....pas mal de terre est tombée et je laisse sécher pour passer à la suite.

Au programme bientôt : dérouillage, dépose de Ferose et peinture sur le châssis et les trains avant et arrière.
J'ai le silentbloc moteur arrière à changer, les disques de frein aussi.

Le DIAGNOSTIC du PUZZLE

Bon maintenant, le jardin est rempli de pièces...

Et j'ai même été tenté de créer une œuvre d'art moderne sur la table de jardin des enfants...

Ma voiture a été peinte en rouge, bon ça vous le saviez......
Là ou c'est plus drôle, c'est que le gus qui a peint la mémé y est allé sans masquer quoi que ce soit....du coup c'est décapage des pièces pour retrouver un aspect normal.

Allez, tiens par exemple, les gâches de portes :

Tout est rouge, mais heureusement elle ne tient pas donc un cutter et hop séance manucure... La peinture en trop est sur l'établi....

C'est clair que j'ai enlevé de la masse, elle va rouler plus vite la méhari !

Peinture au noir à châssis et j'en ai mis deux bonnes couches.
Ce n’est pas du poli miroir mais cela va protéger les tubes pour un bon moment.

J'ai démonté le réservoir pour lui infliger le même traitement...FEROSE plus noir à châssis

Après, je me suis décapé l'attelage puis peinture en bombe de couleur noire ....3 heures en tout mais content du résultat.

Le pare brise :

Constitué de profilés en alliage léger immobilisés entre eux par des vis en acier M3.

Normalement, ces vis de 3 à tête bombé bloquent les quatre morceaux dans chaque coin. Quand tout va bien, on desserre gentiment et on a ça :

Quand on veut changer la vitre, il faut donc démonter ces morceaux....et là commence le bonheur...les vis du haut ne sont jamais trop souvent mouillées, mais celle du bas !

On a beau préparer le terrain avec du WD40 pendant plusieurs jours...rien n'y fait puisqu'on a des vis en acier dans des profilés en alu....couplage galvanique et donc soudage par la corrosion.

Du coup, on y va à la perceuse avec des diamètres de plus en plus grands pour virer le corps de la vis mais j'ai eu beau pointer les vis, les forêts ont dérapé…

Après plus question de mettre des vis de 3, du coup on passe à des vis de 6 mm posées dans des filets rapportés.

Achat du kit, tout est dedans, totale autonomie :

Perçage :

Taraudage :

Pose du filet sur l'outil de pose et pose des filets dans la pièce :

Et rupture du jonc d'entrainement avec le chasse goupille vendu avec le kit.

Je fais ça pour toutes les vis du pare brise, histoire de faire du travail correct et pouvoir redémonter dans quelques années.

Prochaine étape : le cadre de siège avant.

Les sièges sont fixés via des vis qui traversent la bassine et qui viennent dans des écrous prisonniers qui sur ma voiture s'étaient évadés....
J'ai tout enlevé pour mettre des écrous cage M6.
J’ai modifié le trou d'origine rond par un carré:

Après quelques coups de lime, pose de l'écrou cage pour voir si tout va bien :

Ensuite, traitement de tous les trous, passage au Ferose, et peinture noir satiné en bombe

Je vous passe les détails des tirants de suspension corrodés dans les chapes....chalumeau,

J'ai changé les 4 soufflets des tirants en sortie de pot de suspension.
 

Création de passages de roues arrière

Puis, je me suis lancé dans la construction de passages de roues arrière.

Pourquoi ? Tout simplement pour améliorer la zone qui a été délaissé par Citroën.

Ce ne sera pas très beau, mais aura le mérite d'être caché par les flancs.
Achat de deux passages de roues de remorque pour roues de 13 pouces chez MIL Remorques.

Mise en place pour voir sur le côté gauche:
Je voulais que ce montage soit démontable sans galère en perspective avec les écrous qui tournent dans le vide, j'ai donc mis des écrous à sertir dans le tubulaire :

Montage avec les deux fixations :
A l'arrière, utilisation de la patte triangulaire pour se fixer :
Il me restera l'avant à relier au tubulaire avec des feuilles de PVC de chez IKEA.

Pour le passage de roue droite, même punition mais avec la goulotte de remplissage qui passe à travers.
Optimisation de la découpe....et rebouchage avec de la chambre à air.....

Maquettage d'un pare-boue en polyéthylène issu d'un set de table IKEA.
Pose du faisceau électrique arrière, pose de l'attelage et de son faisceau.

Je n'ai pas résisté à présenter à blanc la face arrière, la face avant, le capot et le tableau de bord pour voir les éventuelles surprises.

Préparation des renforts de gâche, mise en place et perçage de tous les trous de 4 qui vont recevoir l'habillage de gâche.

Montage du profilé renfort inférieur de flanc.

Détourage des pieds de crics sur la face latérale.

Mise en place à blanc avec les gabarits confectionnés d'après la doc Citroën.

Puis mise en place de la face latérale droite et repérages pour détourage par votre serviteur.

Et puis, histoire de voir, j'ai monté la face avant....la calandre avec la grille peinte en noir et collée à la SIKA11FC sur la calandre :

Montage à blanc des charnières et finition des babioles sur le hayon.

Pose des rivets pour les taquets latéraux, les rivets alu de 4mm à bourrelet utilisés au départ étaient trop puissants, j'ai fissuré deux taquets !

Alors ni une ni deux, j'ai passé tout ça en rivets de 5mm à épanouissement, le pied mais 1h30 de boulot...

Ensuite, grand moment de bonheur avec le réglage des portières.

J'y ai passé 3 heures sur chacune d’elles !

Le montage des passages de roues avant avec un montage vissé avec des écrous agrafe sur les passages de roues et des vis tête bombée + rondelle au lieu de poper car je veux que ce soit facile pour la maintenance à venir, genre réglage culbuteurs ou autres.

Le montage des câbles de réglage d'incidence des projecteurs avant, montage du faisceau électrique dans le compartiment moteur, raccordement de tous les périphériques du bidon lave glace en passant par les gaines d'air frais.
Rien de transcendant me direz-vous mais cela ne recule pas.

Montage de la barre réceptacle pare brise, no soucis, juste qu'il faut encore des mains de sage femme pour mettre les boulons...

Pose du pare-brise.

Puis, montage des rétros.

Pose de l’autocollant de tare.
 

Pose de l’autocollant de la SEAB sur le tableau de bord (au dessus du levier).

Je suis née en mai 1968 ! Alors à moi la liberté !

J'ai retrouvé ma plastique de 1977. Ma carrosserie conçue par Roland de La Poype en ABS Thermoformée teintée beige Hoggar dans la masse est prête à affronter la vie quotidienne. Je ne craints ni la boue, ni les petits chocs ni les éraflures. Mais je vais surtout consacrer ma retraite aux loisirs.

Avant tout, place aux formalités. Normal après cette restauration, le contrôle technique est l'assurance pour mon restaurateur d'avoir correctement travaillé, de pouvoir profiter de moi en toute sécurité.

CONCLUSION : CT OK zéro défaut. Je suis bonne pour le service !

UTILISATIONS
Alors Bertrand s'empresse d'atteler le bateau pour une promenade sur les canaux du marais poitevin.

Et puis, une Méhari se doit d'être légère pour se balader dans le marais poitevin ! Alors j'enlève le haut !